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Permaculture et biodiversités urbaines

 1. La spécificité urbaine 

La ville a la spécificité de regrouper de grands groupes d’humains sur une surface relativement limitée. C’est là même son essence. J’ajouterai que ces groupes d’humains sont en nombre au-delà duquel chaque entité peut s’individualiser et se déconnecter émotionnellement de ses voisins. Les villes sont également dépendantes et nécessiteuses en ressources de base venant de l’extérieur. Elles ont besoin de s’approvisionner en nourriture, en énergie, en matières premières pour créer des habitats et des infrastructures élaborés, pour fournir de l’eau de qualité en grande quantité, etc.
Finalement, elles sont extraordinairement complexes et dépendantes de l’extérieur, soit des campagnes et des territoires à faible densité humaine. Les villes d’aujourd’hui sont non résilientes.

La biodiversité non humaine s’efface à mesure que l’occupation du territoire par l’humain s’intensifie. L’espace étant limité, il faut choisir comment l’espace est réparti pour permettre autant aux non-humains qu’aux humains de vivre. C’est également pour cela que la permaculture urbaine me semble intéressante à aborder. Sur un territoire extrêmement limité, soumis à une multitude de lois spécifiques, dont celles qui encadrent les propriétés privées ou publiques dans le but de parcelliser le territoire, une seule stratégie pour intégrer la biodiversité semble possible : celle de la collaboration et du partage. Voilà pourquoi je pense que les deux principes éthiques, soit ceux de prendre soin de l’humain et de partager équitablement, sont importants dans le contexte urbain telle une clé à tailler pour co-construire avec une vigilance éthique.

 2. Biodiversité et zone 5 en permaculture 

La biodiversité est un concept apparu au cours du siècle dernier. Elle propose de considérer la diversité et les interactions des écosystèmes, des espèces et des gènes sur un territoire. La préservation et le soutien de la biodiversité sont des enjeux environnementaux planétaires qui ont des impacts directs sur la capacité de résilience des écosystèmes et donc sur notre survie. C’est bien la diversité des espèces (majoritairement indigènes) qui permet de s’adapter aux changements importants se produisant sur un territoire donné, que ceux-ci soient climatiques ou autres. Aujourd’hui, notre manière d’occuper le territoire a détruit un très grand nombre d’habitats et de lieux propices à la vie des non-humains.

L’enjeu est de préserver, voire de favoriser la présence d’une très grande diversité d’espèces sur la planète, et ce, dans les villes également. Cette diversité des espèces
doit s’accompagner de la diversité des âges à l’intérieur de ces espèces. Je pense par exemple à nos rues, nos ruelles, nos cours, nos terrains vagues, etc., où beaucoup de vieux arbres sont coupés pour diverses raisons et remplacés par de jeunes spécimens.
Nous avons tendance à rajeunir le parc des arbres en ville et par là même, à mettre en péril de nombreuses espèces d’êtres vivants qui trouvent leurs ressources (habitat, nourriture, lieu de reproduction, etc.) uniquement auprès de végétaux matures.
La permaculture prend soin de la biodiversité et propose de définir une zone nommée 5 qui la préserve et la favorise. Elle est également là pour nous surprendre, car en tant qu’humains, nous ne pouvons prévoir l’ensemble des interactions entre les espèces. Cette zone 5 nous permet d’être surpris, de rester humble, de s’inspirer et de favoriser la résilience du reste de notre écosystème.

 3. Que pouvons-nous faire concrètement pour favoriser la biodiversité urbaine? 

  1. Les petits gestes individuels : zones 1 et 2 en permaculture sociale

Nous n’en avons pas l’habitude, mais tout simplement faire moins dans sa cour et son jardin!
Quelques pistes que j’invite les lectrice·urs à visiter :

  • Laisser une zone pousser comme bon lui semble sans la tondre, afin que le cycle complet des plantes puisse être réalisé et ainsi permettre à de nombreux insectes de vivre, ce qui offre également une source de nourriture pour certains oiseaux.
  • Laisser le tapis de feuilles mortes recouvrir la terre en hiver. Elle offre refuge et nourriture à de très nombreux organismes du sol (invertébrés, champignons, bactéries, etc.).
  • Choisir des plantes indigènes plutôt que les belles roses ornementales. Cela offrira des habitats et de la nourriture pour nos amis les petits invertébrés, dont les pollinisateurs indigènes.
  1. Les gestes collectifs : zones 3 et 4 en permaculture sociale

Contribuer à des collectifs qui favorisent la biodiversité locale et les corridors écologiques.
Quelques pistes :

  • Soutenir le verdissement par des plantes indigènes.
  • Contribuer à la préservation de friches et de milieux humides urbains, comme le fait l’organisme Les Amis du Champ des Possibles à Montréal.
  • Appuyer les initiatives de plantation de haies diversifiées d’essences indigènes sur de grandes distances sans interruption, à l’échelle d’un village ou plus.
  • Prendre le temps d’apprendre et de comprendre la complexité des écosystèmes pas à pas.
  • Pour les éducatrice·urs : prendre un temps de qualité pour aborder la biodiversité, sa beauté et sa préservation.
  • Lors d’un projet de forêt nourricière, il est possible de réserver 20% de l’espace pour une zone 5 qui ne sera pas touchée, même pour récolter.
  1. À très grande échelle : zone 5 en permaculture

Contribuer à des initiatives de protection de grands territoires – c’est possible et facile.
Quelques exemples :

  • Achat de terres en très grands groupes qui ne pourront plus être touchées par la suite : comme le propose le prestigieux botaniste Francis Hallé pour la constitution d’une grande forêt primaire en Europe de l’Ouest.
  • Être créatif lors de nos projets, comme le font certains artistes. Les Cowboys Fringants, par exemple, dédient une partie des revenus de la vente de leurs albums à l’achat de forêts québécoises où la coupe de bois et les projets miniers seront interdits.
  • Cocréer des FUSA (fiducie d’utilité sociale agroécologique) pour préserver des hectares de terres agricoles, préserver les sols et co-construire des projets agricoles éthiques.-

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