Permaculture-Fertiles-logo-blanc

Forêt nourricière ou jardin-forêt?

 Une vision culturelle de la biodiversité

J’ai remarqué via ma double culture québéco-française que même entre deux cultures reconnues comme proches et partageant la même langue, la vision de la nature diverge légèrement. J’attribue cette divergence à deux raisons majeures : la première découle du fait que le Québec est une société multiculturelle teintée (volontairement ou non) par les cultures autochtones, qui embrassent une vision à tendance totémiste du monde – organisation sociale, familiale fondée sur les totems et leur culte. En parallèle, la culture française est teintée par son passé colonial et ne reconnaît que très peu les autres diversités bioculturelles. Il en reste une culture utilitariste forte qui se remet très peu en question. Symboliquement, je le découvre au travers d’un concept en permaculture qui se veut avoir une approche holistique et ouverte sur la diversité bioculturelle. Pourtant, la différence fine entre les concepts de jardin-forêt en Europe et de forêt nourricière au Québec exprime justement cette diversité via le prisme de la même « technique permacole ». En effet, le concept de jardin-forêt a une approche extrêmement utilitariste pour l’humain qui la conçoit. Une des nombreuses définitions est : « Le principe du jardin-forêt (ou agroforesterie) est de créer un écosystème productif, durable et autonome, qui fonctionne sans apports d’eau ni de fertilisants à long terme. Ce jardin forestier de type nouveau en Europe prend modèle sur les régions tropicales où les paysans cultivent traditionnellement dans des zones boisées en s’adaptant à leur environnement. »

Forêt nourricière - conception - Saint-Luc-de-Vincennes – Québec
Fertiles – Accompagnement en permaculture
Forêt nourricière – conception Fertiles Saint-Luc-de-Vincennes – Québec

Quant à la vision québécoise, la définition a été modifiée afin de lui offrir un angle plus naturaliste-totémiste prenant en compte les non humains et les inspirations (spiritualité).
La définition de Wen Rolland, Québécois reconnu dans le domaine, est la suivante : « J’ai créé le terme Forêt Nourricière en 2009 afin de décrire la conception de jardin en polyculture vivace ayant comme objectif de nourrir non seulement l’humain qui l’a pensé et implanté, mais aussi l’ensemble des êtres vivants faisant partie de l’écosystème, c’est-à-dire les animaux, les insectes, les champignons et les micro-organismes en surface et sous terre. La Forêt Nourricière cherche aussi à nourrir l’inspiration des gens qui y travaillent et s’y promènent. Nous voulons créer un environnement productif, fonctionnel et d’une grande beauté naturelle! »

J’ai embrassé la définition de Wen Rolland lorsque j’ai compris la différence de paradigme. La permaculture propose de prendre soin de la terre, et quelle magnifique façon de le faire que de penser à l’ensemble des habitant·es d’une forêt nourricière!

Laisser un commentaire

Retour en haut