L’écoféminisme et la permaculture sont deux mouvements qui, bien que distincts, partagent une vision commune : celle d’un monde plus juste, équitable et en harmonie avec l’ensemble des vivants. Depuis les années 1970, l’écoféminisme a mis en lumière les liens entre l’oppression des femmes, la dégradation de l’environnement et les enjeux d’intersectionnalité. De son côté, la permaculture propose une vision du monde souhaitable pour vivre en symbiose avec notre écosystème. Aussi, en tant que permacultrice, je suis aussi écoféministe.
Table des matières
Les racines de l’écoféminisme
L’écoféminisme émerge comme une réponse aux crises environnementales et aux iniquités de genre. Il souligne que la domination de la nature et l’oppression des femmes sont interconnectées. Les écoféministes plaident pour une justice écologique qui inclut la lutte contre les inégalités de genre, affirmant que la dégradation de l’environnement et la marginalisation des femmes sont issues des mêmes structures patriarcales et capitalistes.
L’écoféminisme, terme issu de la contraction des mots « écologie » et « féminisme », a été introduit par Françoise d’Eaubonne en 1972. Selon la thèse essentielle de l’écoféminisme, les femmes comme la nature sont victimes de la domination masculine. Ainsi, aucune révolution écologique ne saurait faire l’économie d’une révolution féministe qui, elle seule, peut apporter un remède au système de domination des hommes sur la nature et les femmes.
L’écoféminisme a ensuite été repris par des féministes anglo-saxonnes qui lui ont donné un relief politique et en ont fait un outil de revendication sociale.
Anne-Line Gandon – L’écoféminisme : une pensée féministe de la nature et de la société – 2009 – https://www.erudit.org/fr/revues/rf/2009-v22-n1-rf3334/037793ar/
La permaculture : une vision de l’harmonie écologique
La permaculture, développée par Bill Mollison et David Holmgren dans les années 1970, est une philosophie appliquée née d’une approche de design éthique visant à créer des systèmes agricoles durables et auto-suffisants. Elle repose sur trois principes éthiques fondamentaux : prendre soin de la terre, prendre soin des humains, et partager équitablement les ressources. La permaculture propose des solutions pratiques pour vivre en harmonie avec la nature, en favorisant la biodiversité, la résilience et l’autosuffisance.
Synergies entre écoféminisme et permaculture
Les principes de la permaculture et les idéaux de l’écoféminisme se complètent naturellement. L’écoféminisme s’inscrit dans la dimension sociale et éthique de la permaculture, en insistant sur l’importance de l’équité de genre et de la justice sociale dans la conception de systèmes durables.
Lutte contre la faim et la sécurité alimentaire
La permaculture propose des méthodes agricoles qui peuvent réduire la dépendance aux systèmes industriels et promouvoir la sécurité alimentaire. L’écoféminisme met en avant le rôle crucial des femmes dans la production alimentaire, surtout dans les communautés rurales. En intégrant une perspective écoféministe, les projets permaculturels peuvent s’assurer que les femmes ont un accès équitable aux ressources et aux opportunités, ce qui est essentiel pour atteindre l’Objectif de Développement Durable (ODD) de lutte contre la faim.
Éducation et sensibilisation
L’éducation est un pilier fondamental pour la permaculture et l’écoféminisme. Les deux mouvements soulignent l’importance de l’éducation de qualité pour toutes et tous, indépendamment du genre. Les projets de permaculture peuvent intégrer des programmes éducatifs qui sensibilisent les participant·es à la fois aux pratiques durables et aux enjeux de genre, contribuant ainsi à l’ODD sur l’éducation de qualité.
Équité de genre – la base de l’écoféminisme
L’écoféminisme met en lumière les inégalités de genre et propose des stratégies pour y remédier. En intégrant des pratiques permaculturelles avec une conscience écoféministe, les projets peuvent promouvoir une répartition plus équitable des responsabilités et des bénéfices entre les femmes et les hommes. Cela aide à atteindre l’ODD sur l’égalité de genre.
Protection de la biodiversité
La biodiversité est essentielle au maintien de la résilience des écosystèmes. La perte de biodiversité, souvent causée par la conversion des habitats naturels en terres agricoles, affaiblit les écosystèmes et réduit leur capacité à fournir des services essentiels, tels que la pollinisation et la régulation des nuisibles. Les pratiques agricoles doivent évoluer pour protéger les habitats naturels, promouvoir la diversité des cultures et intégrer des zones de conservation au sein des paysages agricoles. En combinant les approches écoféministes et permaculturelles, on peut promouvoir des systèmes agricoles qui respectent la biodiversité et les droits des femmes.
Gestion de l’eau
L’accès à l’eau propre est un droit humain fondamental et un élément clé de la permaculture. L’écoféminisme met en avant le fait que les femmes sont souvent les principales gestionnaires de l’eau dans de nombreuses cultures. En intégrant cette perspective, les projets de permaculture peuvent développer des solutions de gestion de l’eau qui prennent en compte les besoins et les connaissances des femmes, contribuant ainsi à l’ODD sur l’eau propre et l’assainissement.
Adaptation aux changements climatiques
Les femmes sont souvent les plus touchées par les impacts des changements climatiques. La permaculture offre des solutions pratiques pour renforcer la résilience des communautés face à ces changements. En adoptant une approche écoféministe, les projets de permaculture peuvent s’assurer que les stratégies d’adaptation et de mitigation prennent en compte les vulnérabilités spécifiques des femmes et leur rôle crucial dans la gestion des ressources naturelles.
Partenariats pour les objectifs (ODD 17)
Le 17ème ODD souligne l’importance des partenariats pour atteindre les objectifs de développement durable. L’écoféminisme et la permaculture peuvent collaborer pour créer des réseaux de soutien et de coopération qui englobent à la fois les aspects environnementaux et sociaux. Ces partenariats peuvent amplifier les voix des femmes et des communautés marginalisées, tout en promouvant des pratiques durables.
Vers un Futur Équitable
L’écoféminisme et la permaculture offrent une feuille de route puissante pour un avenir souhaitable. En combinant les principes de justice sociale et environnementale, nous pouvons créer des systèmes qui respectent la nature et les droits de l’ensemble des vivants. La collaboration entre ces deux mouvements permet de renforcer les liens entre les objectifs de développement durable de l’ONU et de promouvoir une approche holistique et inclusive du développement.